Témoignages Viande

Témoignage d'une étudiante en médecine vétérinaire en stage dans un abattoir

"Quand je quitte à midi, la vache est encore couchée et tressaille ; personne, en dépit d'instructions répétées n'est venu la délivrer. J'ai alors desserré le licou qui lui tranchait impitoyablement la chair et lui ai caressé le front. Elle m'a regardé avec ses grands yeux, et j'ai alors appris en cet instant que les vaches pouvaient pleurer.
Mes mains, ma blouse, mon tablier et mes bottes sont barbouillés du sang de ses congénères : pendant des heures, je suis restée à la chaîne, en train de couper des coeurs, des poumons et des foies. J'ai déjà été prévenue : "Avec les bovins on est toujours totalement immergé !".
C'est cela que je voudrais communiquer, afin de ne pas porter seule le fardeau, mais dans le fond il n'y a personne qui veuille m'écouter.
Ce n'est pas qu'au cours de cette période on ne m'ait pas souvent assez posé la question : "Et à l'abattoir, comment ça va ? Moi, en tout cas, je ne pourrais pas le faire ".
Avec mes ongles enfoncés dans les paumes des mains je gratte les lunules jusqu'au sang pour ne pas frapper ces visages apitoyés, ou pour ne pas jeter le téléphone par la fenêtre ; pleurer, voilà ce que je voudrais faire, mais depuis que j'ai vu ce spectacle quotidiennement, chaque cri s'est étouffé dans ma gorge. Personne ne m'a demandé si je pouvais tenir.
Les réactions à des réponses si parcimonieuses trahissent le malaise à ce sujet. "Oui, cela est tout à fait terrible, aussi nous ne mangeons plus que rarement de la viande".
Souvent je m'encourage : "Serre les dents, tu dois tenir, bientôt tout cela sera derrière toi".
Pour moi, que le massacre continue jour après jour est l'une parmi les pires manifestations d'indifférence et d'ignorance. Je pense que personne n'a compris que ce ne sont pas ces six semaines à surmonter qui sont importantes, mais bien ce monstrueux meurtre de masse, qui se renouvelle des millions de fois, et dont sont responsables tous ceux d'entre nous qui mangent de la viande.
En particulier, tous ceux qui se prétendent amis des animaux et mangent de la viande : ils ne sont pas dignes de confiance."

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" Lorsque ces milliards de veaux, cochons, poulets et vaches terrifiés arrivent à l’abattoir, ils sont épuisés, malades et morts de faim. Dans la majorité des cas, ils n’auront rien reçu comme soins et comme nourriture durant le trajet. Maintenant qu’ils sont arrivés à destination, on ne leur donnera probablement rien car la nourriture n’aurait pas le temps de se transformer pour la vente.
Entendre constamment des cris d’agonie comme si c’était chose normale sape toutes leurs énergies aux employés. Résultat : ils déchargent souvent leurs frustrations là où ils peuvent, c’est-à-dire sur les animaux. Les hommes dont le travail consiste à déplacer les animaux sont appelés fustigateurs, un terme qui en dit long sur la façon dont ils les manipulent. Un porte-parole de l'industrie blâmait les animaux eux-mêmes pour des incidents fréquents : « Les porcs... sont lents et obstinés, ce qui provoque la violence du manipulateur qui se met à frapper avec ses pieds, le gourdin le plus proche, ou même des pierres ou des morceaux de béton. »
On accuse les cochons de provoquer la violence en refusant de faire ce qui leur est demandé. Les pauvres ont raison de ne pas vouloir. Comme tous les animaux, bien davantage à l’écoute de l’homme, les cochons sentent intensément le danger qui les menace. La vérité est qu’ils craignent terriblement pour leur vie. "
John Robbins, Se nourrir sans faire souffrir

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Vidéo : Entrée du personnel : Immersion dans un abattoir. ARTE

 

 

Dans des abattoirs industriels, alors que les bêtes sont démembrées, les cadences et la répétitivité des gestes éreintent les corps des hommes. Une plongée vertigineuse dans les entrailles des usines à viande modernes, qui montre la violence du travail déshumanisé.

Ce film a été réalisé à partir des récits de vie des ouvriers des grands abattoirs industriels.
"Au début, on pense qu’on ne va pas rester. Mais on change seulement de poste, de service. On veut une vie normale. Une maison a été achetée, des enfants sont nés. On s’obstine, on s’arc-boute. On a mal le jour, on a mal la nuit, on a mal tout le temps. On tient quand même, jusqu’au jour où l’on ne tient plus. C’est les articulations qui lâchent. Les nerfs qui lâchent. Alors l’usine vous licencie. À moins qu’entre temps on ne soit passé chef, et que l’on impose maintenant aux autres ce que l’on ne supportait plus soi-même. Mais on peut aussi choisir de refuser cela."

Industrie qui ne respecte ni l'animal ni l'humain

 

Et encore...